Une humanité sans homme ? Dessin anthropologique du roman contemporain

Abstract

Comme l’illustrent Les Racines du mal de Maurice G. Dantec et Mémoires de porc-épic d’Alain Mabanckou, les perspectives anthropologiques du roman contemporain se construisent en dehors du dualisme cartésien, dominant en Occident depuis le XVIIe siècle. Il en résulte que, dans ce roman, l’humanité peut s’incarner dans bien des formes, à l’instar d’un animal chez Mabanckou ou d’une machine chez Dantec. Instituées comme des doubles de l’homme, ces deux entités et l’humanité qui leur est conférée peuvent s’interpréter selon un ensemble de données culturelles – Mémoires de porc-épic – ou technologiques – Les Racines du mal –, qui font lire les récits en dehors de tout cadre fantastique ou merveilleux. Plus fondamentalement, l’animal et la machine se constituent comme de véritables agents du récit, en un contraste fort avec un homme traditionnel qui tend à s’effacer dans les deux romans. Ces constats guident ainsi une reconnaissance, dans le roman contemporain, d’une humanité qui ne se circonscrit plus à l’homme.